STU/71e Conseil/25/013
4 novembre 2025
Chers collègues,
Vous trouverez ci-dessous l’intervention orale prononcée par M. Simone Grego, Président du STU, le 4 novembre 2025 devant la Commission APX de la 43e session de la Conférence générale de l’UNESCO (Samarcande, Ouzbékistan).
Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les Délégués, Chers collègues,
Merci d'avoir invité le Syndicat du personnel de l'UNESCO (STU) à prendre la parole lors de cette 43e Conférence générale historique à Samarcande, une ville dont l'héritage de la Route de la soie nous rappelle que la culture et la confiance s'épanouissent lorsque les peuples se réunissent dans le dialogue et la coopération.
Je tiens également à remercier tous les collègues de l'UNESCO dont le professionnalisme et le dévouement ont rendu cet événement possible.
Cette conférence arrive à un tournant. Dans l'ensemble du système des Nations Unies, l'évolution des priorités des donateurs remodèle le fonctionnement de l'ONU et, peut-être, sa nature même.
À l'UNESCO, nous clôturons les huit années du mandat de Mme Azoulay et ouvrons un nouveau chapitre avec la nomination du Dr El Enany. C'est donc le moment idéal pour réfléchir au passé et se tourner vers l'avenir.
Cette réflexion devrait s’appuyer sur des données fiables, comme les résultats de l'enquête sur l'engagement du personnel de 2024, qui reflète les opinions et sentiments de plus de 2 500 employés de l'UNESCO.
Mesdames et Messieurs les Délégués,
L'enquête délivre un message clair. L'engagement du personnel diminue, trop de collègues voient leur carrière stagner et leur potentiel inexploité. L'équité et la transparence dans le recrutement restent inégales, ce qui accentue la frustration et érode la confiance.
Les conclusions relatives au bien-être du personnel sont encore plus alarmantes : les charges de travail sont excessives, les frontières entre vie professionnelle et vie privée s'estompent et la confiance dans le leadership s'effrite, ce qui entraîne des niveaux de stress élevés. La mobilité au sein de notre Organisation fonctionne mal, laissant de nombreuses familles de l'UNESCO dans une incertitude permanente quant à leur avenir. La peur de s'exprimer, de subir des représailles ou d'être mis à l'écart s'est installée sur notre lieu de travail.
Ce n’est pas le lieu de travail que nous voulions bâtir et dans lequel nous voulons vivre.
Deux aspects de ces résultats nous préoccupent particulièrement. Les scores de l'UNESCO sont nettement inférieurs à ceux des autres agences des Nations Unies et ces indicateurs sont en baisse. Année après année, la confiance, la motivation et l'engagement continuent de diminuer.
Cela révèle un déséquilibre important. Les ambitions de l'Organisation en matière d'impact et de visibilité accrus, et la réduction parallèle du budget régulier, exercent une pression croissante sur son personnel.
Les progrès que nous célébrons doivent s'accompagner d'une attention égale portée au bien-être de ceux qui les rendent possibles, à savoir le personnel.
Un message positif ressort pourtant : la fierté et le dévouement remarquables du personnel de l'UNESCO. Malgré les défis, nos collègues restent profondément attachés à la mission que nous servons.
Cet esprit durable doit être le point de départ du renouveau.
Excellences,
Bien que nous reconnaissions les efforts déployés par l'Administration pour moderniser notre lieu de travail, les progrès ont été inégaux et trop lents. Des mesures progressives ne suffiront pas. Ce qu'il faut maintenant, c'est une approche audacieuse et transformatrice, ainsi qu'un budget dédié, qui place le personnel au centre des préoccupations.
C'est dans cet esprit que nous exposons certaines des questions que nous souhaitons discuter avec la nouvelle Administration.
Parmi les priorités clés, nous devons renforcer le recrutement, un élément clé des ressources humaines au cœur de la crédibilité organisationnelle. Une fois de plus, le STU demande un audit indépendant du processus de recrutement.
L'intégrité de la justice interne est tout aussi importante. Le STU se félicite de la révision des Statuts du Conseil d'appel, conformément aux recommandations du Corps commun d'inspection, et demande le renforcement du Bureau de l'Ethique et la création d'un poste d’Ombudsman.
Le recours croissant au personnel affilié, qui représente désormais plus de la moitié des effectifs de l'UNESCO, est préoccupant. Leur contribution est inestimable, mais le fait de confier des fonctions essentielles à du personnel non statutaire menace le principe fondamental de la fonction publique internationale et fait évoluer l'Organisation vers un modèle axé sur les donateurs et les projets.
La gestion des performances doit également évoluer. L'évaluation ne doit être ni une punition, ni une formalité annuelle, mais un processus qui développe les talents et favorise l'apprentissage continu.
Le bien-être du personnel est un autre pilier fondamental. Au-delà des campagnes de sensibilisation, l'UNESCO devrait mettre pleinement en œuvre la Stratégie pour la santé mentale et le bien-être dans le système des Nations Unies. Parallèlement, la Caisse d'assurance maladie devrait être plus généreuse dans ses remboursements et inclure un soutien accru pour les dépenses liées à la santé mentale.
L'inclusion et la diversité doivent rester au cœur des préoccupations. L'Organisation doit poursuivre ses efforts ciblés auprès des États membres non représentés ou sous-représentés, afin d'améliorer l'égalité des genres aux postes de haut niveau, et recourir à des centres d'évaluation.
En conclusion, Excellences,
Le personnel de l'UNESCO est son plus grand atout. Investir dans les ressources humaines en leur offrant des perspectives de carrière équitables, un apprentissage continu et une culture de respect et d'attention n'est pas seulement une question de gestion interne ; c'est un impératif stratégique qui détermine la crédibilité de l'Organisation et, en fin de compte, son succès.
Quoique l’avenir nous réserve, le STU réaffirme son engagement en faveur d'une collaboration ferme mais constructive avec la nouvelle Administration et les États membres. La consultation authentique, telle qu'elle est inscrite dans notre règlement du personnel, n'est pas une formalité, mais un pilier de la bonne gouvernance.
Ensemble, par la confiance, le respect et la coopération, nous pouvons bâtir une UNESCO qui non seulement joue un rôle de premier plan à l'échelle mondiale, mais qui se soucie aussi de ceux qui servent sa mission.
Merci.