STU/71e Conseil/25/010
8 octobre 2025

222e session du Conseil exécutif de l’UNESCO

Intervention orale du Syndicat du personnel de l'UNESCO (STU)

Merci Madame la Présidente, ADG/ADM, Mesdames et Messieurs les Délégués, Chers collègues,

C’est un honneur de m’adresser à vous aujourd’hui au nom du Syndicat du personnel de l’UNESCO, le STU.

La coopération internationale et le multilatéralisme traversent l'une des périodes les plus complexes de leur histoire. Le dernier rapport de l'OCDE sur l'aide publique au développement (APD) prévoit une baisse significative à deux chiffres en 2025, après une diminution de 9 % en 2024. Cette crise est déjà tangible dans l'ensemble du système des Nations unies, où des milliers de collègues ont perdu leur emploi au cours des derniers mois.

Cette crise n'est pas seulement un problème administratif ou de ressources humaines. De nombreuses Délégations l'ont clairement exprimé : sans le dévouement, l'intégrité et l'indépendance de son personnel, l'ONU, et nous, l'UNESCO, ne pouvons remplir notre mandat essentiel. Les réductions de personnel ont inévitablement des conséquences sur les programmes : moins de projets, un impact diminué et moins de bénéficiaires atteints.

En ces temps difficiles, le STU reste déterminé à défendre la sécurité de l'emploi, les droits et le bien-être du personnel, quels que soient le grade ou le type de contrat.

Mesdames et Messieurs les Délégués,

Par le passé, l'UNESCO a déjà connu les conséquences profondes d'une baisse de financement. Treize ans après la crise de 2012, l'Organisation et son personnel en subissent encore les conséquences. Au cours de la dernière décennie, il a continuellement été demandé au personnel de faire plus avec moins, et ce modèle est devenu intenable. Les résultats de la dernière enquête sur l'engagement des employés en démontrent clairement les conséquences : un tableau marqué par une profonde fatigue, une désillusion et une tension systémique.

L'enquête met en évidence des problèmes chroniques. Les possibilités d'avancement professionnel restent rares, ce qui donne à de nombreux membres du personnel le sentiment de stagner et d'être sous-évalués. Le manque d'équité et de transparence dans le recrutement aggrave encore la situation. Par rapport à d'autres agences des Nations Unies, l'UNESCO est très en retard en matière de développement professionnel et d'évolution de carrière.

Dans le même temps, l'enquête révèle également que le bien-être du personnel s'est détérioré. La charge de travail excessive, la frontière floue entre vie personnelle et vie professionnelle et la perte de confiance dans le leadership ont favorisé une culture du surmenage et de la méfiance. Trop de collègues se sentent délaissés, et seule une petite partie d'entre eux estime que l'UNESCO se soucie réellement du bien-être de son personnel. Cette érosion de la confiance, de l'engagement et de la motivation est aggravée par un climat de peur : beaucoup hésitent à signaler des cas de mauvaise conduite ou à exprimer leurs préoccupations.

Une constatation encourageante, cependant, est la fierté et l'engagement durables du personnel envers la mission de l'UNESCO.

Mesdames et Messieurs les Délégués,

Nous ne sommes pas des bureaucrates ! Le personnel de l'UNESCO est composé d'experts talentueux, de collègues qui continuent de croire en la mission de l'Organisation.

Le STU est de plus en plus préoccupé par les doutes généralisés concernant la transparence et l'équité des processus de recrutement au sein de l'Organisation. De nombreux membres du personnel ont remis en question la chronologie, la cohérence et l'impartialité de ces procédures. Compte tenu de ces préoccupations, le STU demande une nouvelle fois un audit du recrutement à l'UNESCO, en mettant l'accent sur une réforme complète du Comité d'examen des nominations, qui devrait passer d'un simple organe de validation à un mécanisme de contrôle solide habilité à examiner tous les postes, y compris ceux de Chefs de bureau et de Directeurs.

En ce qui concerne la justice interne, le STU se félicite des récentes améliorations apportées au fonctionnement du Conseil d'appel, mais demande la publication d'un rapport indépendant afin de garantir transparence et responsabilité. Nous demandons également d'accélérer la révision des Statuts du Conseil d'appel afin de les aligner sur les recommandations du CCI. Nous soutenons fermement la création d'un bureau de l'Ombudsman.

Enfin, nous reconnaissons la contribution essentielle de nos collègues sous contrat non-membres du personnel – le personnel affilié – dont le professionnalisme est à la base de nombreux projets couronnés de succès. Le STU réclame de meilleures conditions contractuelles, une assurance maladie et des allocations chômage, et exprime sa solidarité avec les personnes touchées par le non-renouvellement de leur contrat en raison de contraintes budgétaires.

Mesdames et Messieurs les Délégués,

Les résultats de l'enquête sur les salaires du personnel G à Paris confirment une augmentation des allocations. Regrettant la préparation tardive du document, le STU note avec inquiétude que l'Administration prévoit de mettre en œuvre les résultats uniquement à partir du 1er octobre 2025, contrairement à la méthodologie qui prévoirait normalement une application rétroactive à compter du 1er octobre 2024.

Tout en reconnaissant les contraintes financières de l'Organisation, le STU s'interroge sur les priorités actuelles en matière de dépenses. Au cours de l'année écoulée, des fonds ont été alloués à diverses dépenses, mais les allocations versées aux fonctionnaires de la catégorie G ayant des enfants handicapés, des personnes à charge et des conjoints – gelées depuis 13 ans – restent inchangées pour une année supplémentaire. A la lumière des efforts déployés par l’Organisation en faveur de l’inclusion, l'augmentation de l'allocation pour enfant handicapé n'est pas un privilège, mais une mesure de soutien essentielle qui reflète l'équité et la dignité sur le lieu de travail.

Excellences,

Nous faisons appel à votre sens de la justice. Dans la discussion qui va suivre, nous vous invitons instamment à envoyer un signal clair et positif à nos collègues des services généraux. Veuillez modifier le projet de résolution afin de fixer au 1er octobre 2024 la date effective de mise en œuvre des nouveaux barèmes salariaux. Dans le même temps, conscient des contraintes budgétaires de l'Organisation, le STU rappelle que la méthodologie prévoit des options permettant de préserver la rétroactivité en période de difficultés financières.

Mesdames et Messieurs les Délégués,

Il n'est jamais trop tard pour faire ce qui est juste.

Avant de conclure, le STU salue la nomination par le Conseil exécutif du Dr Khaled El-Enany comme candidat au poste de Directeur général. Nous sommes impatients de travailler avec la nouvelle Administration, sachant qu'un personnel solide, motivé et en bonne santé est une condition préalable au bon fonctionnement et à la réussite d'une organisation telle que l'UNESCO.

Merci de votre attention.

Article précédent